Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles


Nos cris et tics

  

Marie-Loana a aimé les Ames grises  (mais elle ne sait pas trop pourquoi) 

 

Philippe Claudel est un peu le Jean-Kévin de la littérature. Je m’explique. 

Les âmes grises est écrit comme mon homme bricole. Il dispose de ci, de là différents éléments du projet, sans que personne d’autre que lui ne comprenne bien à quoi ils vont servir. Une chose toutefois différencie les deux précités : là où finalement, Jean-Kévin partage notre interrogation, Philippe Claudel nous livre un roman dont il paraît satisfait.

Je dis ça parce que, encore une fois, j’ai dû me farcir un épilogue laborieux. Enfin, quand je dis laborieux, j’exagère un brin. Mais bon, moi, quand je lis un roman avec un certain plaisir (ce qui fut le cas ici), je trouve un peu décevant d’avoir à me farcir des pages et des pages de lignes qui sentent l’effort et la confusion. Un peu comme dans Lorsque j'étais une œuvre d'art  d'Eric-Emmanuel Schmitt, vous voyez ?

 Ceci dit, soyons de bon compte, je comprends que Claudel ait eu du mal à finir, comme on dit. Parce qu’on s’y plaît bien, dans la vie de ce Monsieur dont je ne vous dirai rien pour ne pas vous gâcher la lecture.

 Une vie un peu tristoune et même sinistre, pourtant. Pleine d’éléments dramatiques et de destins tragiquement banals. Mais dans laquelle on entre comme dans un beurre qui s’étale trop vite.

Marie-Loana a lu pour vous...

 

Le dernier Nothomb (on l’espèrerait presque si on manquait de cœur)

 C’est l’histoire d’un type qui tombe amoureux de la belle alors qu’en fait il aime le talent de la bête. Mais bon, elle n’est pas jolie alors son cœur choisit la belle quand même.

 De toute façon, il se prend un râteau, alors il décide de commettre un attentat.

 L’écriture de Nothomb, elle coulait de source. Parfois même jubilatoire, toujours facile, mais jamais idiote. Ici, on s’ennuie. Les rares finesses se sont empâtées dans la redite.

 On s’en console en attendant, à chaque coin de page, un retournement comme on s’y est habitué à force de lire l’auteure. Eh bien non, même pas… Elle ne nous gratifie pas d’un de ces tours de passe-passe qui nous a fait tant de fois rester éveillé au bord de la piscine (ah oui, il faut que je le précise : Nothomb est de ces auteurs que je lis d’habitude à la piscine, pour me taper du léger, mais moins que les magazines de mes voisins de bronzette).

 D’ailleurs, je suis fâchée d’avoir été grugée de 16 euros pour deux trajets en train (41 minutes le trajet) si peu passionnants.

 Pour la peine, je vous livre la fin du bouquin : le sentiment que tout compte fait, si le livre est vite lu, c’est tant mieux. Car de fin, il n’y a pas ! A l’amérloque, comme dans les bons films commerciaux, sauf qu’ici, on n’y réfléchit pas, on s’empresse de trouver autre chose à lire pour oublier.

 Cette fois, je veux bien mettre ma déception sur le compte du contexte. Amélie Nothomb, c’est, je l’ai dit, une lecture de piscine. Si j’avais le courage de reprendre le livre la prochaine fois que je pars en vacances, j’aurais peut-être une autre lecture. Mais ce livre-là, je l’avais déjà lu avant. On dirait qu’une gamine un peu plumée a fait un exercice de style (« Ecrivez-moi un Nothomb »). Même moi dont l’honnêteté intellectuelle n’est pas à mettre en doute, je n’ai pas le courage d’une troisième lecture, quand bien même ça serait au bord d’une piscine.

 Et puis, le dernier PPDA me fait de l’œil au Relay de la gare du midi.

 Ah oui, le titre (merci Google, je l’avais déjà oublié) : Le voyage d’hiver

 

Jean-Kévin a lu pour vous...

 

Stieg Larsson, Les hommes qui n'aimaient pas les filles, Millenium I

Vous êtes candidat à un voyage en Scandinavie ? Pas besoin d’investir dans le « Lonely Planet Suède » pour maîtriser toutes les subtilités de la patrie de Bjorn Borg et d’Alfred Nobel… Joignez plutôt l’utile à l’agréable et plongez-vous dans la trilogie Millenium et « Les hommes qui n’aimaient pas les filles », son premier tome ! Car le cadre exotique de ces aventures garanties noires sur facture vous permettra d’apprendre pas mal de choses. En commençant par une leçon élémentaire de savoir-vivre : en Suède, il est de bon ton de se tutoyer. Pontes industriels, pasteur, policier ou enquêteur,... Pas de chichis dans le Grand Nord : tout le monde est copain !

Autre enseignement : là où James Ellroy et Raymond Chandler gaveront leurs héros de litres de whisky ou de gin, l’auteur suédois fonctionnera local avec l'aquavit, éventuellement complétée d’une larme de vodka. Toujours côté alimentaire et au grand désappointement des aficionados des meubles en kit, Stieg Larsson nous révèle que les boulettes si chères à Monsieur IKEA ne sont pas le plat national suédois… Dans Millenium, pas la moindre trace de ce classique familial du samedi après-midi  !

Pour le reste, Millenium saison 1, c’est du costaud ! L’histoire contient tous les ingrédients qui font les grands romans noirs : des personnages complexes et imparfaits, une atmosphère lourde sous des airs faussement débonnaires, un florilège des côtés sombres et cauchemardesques de la nature humaine, de la violence et de la folie pure… Pour ne rien gâcher, Mikael Blomkvist, le journaliste autour duquel l’histoire est bâtie, et Liesbeth Salander, son acolyte sérieusement fêlée, forment des personnages aussi attachants qu’intrigants. Des personnages que l’on se réjouit déjà de retrouver dans les deux autres volumes de la trilogie ! 

 

Jean-Kévin a lu pour vous...

 

L'abyssin, Jean-Christophe Rufin

Ma première impression sur ce bouquin ? De l’eau de rose à la sauce ébène…

Car la lecture de « L’abyssin »  s’apparente par certains aspects à un voyage au pays de la schizophrénie. Le pire y côtoyant souvent le meilleur, on aime autant adorer que détester ce livre de Jean-Christophe Rufin…

Côté pile : l'intrigue sentimentale imaginée par l'auteur de « Rouge Brésil » et de « Globalia ». Elle s'articule autour d'une histoire d'amour entre un bel aventurier, idéaliste et à la fois blasé, et la fifille de bonne famille qui se découvre miraculeusement une vocation de rebelle. Personnages monolithiques, rebondissements convenus, morale walt disneyenne: dans le genre nunuche, on atteint des sommets!

Côté face : tout le contexte historique romancé. La ville du Caire du temps de Louis XIV, la mythique Abyssinie, les intrigues de Cour, les rivalités entre ordres religieux,... L’écriture de Jean-Christophe Rufin respire l'érudition tout en évitant le piège de l'académisme. On vit l'atmosphère et on apprend beaucoup sans pour autant s'ennuyer.

Et au global? Comme dans « Match Point » de Woody Allen, la pièce tombe finalement du bon côté ! Avec pour résultat un roman agréable à lire et qui heureusement ne se limite pas à un remake de « Barbara Cartland au pays des pyramides ».

 


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Date: 07/12/2009

Par: Xu-Lee

Sujet: Les âmes grises

je ne lis presque plus de livres "sérieux". Les âmes grises est mon dernier sursaut littéraire (je sais j'ai honte) et en plus motivé par la vision du film (d'accord j'irais me pendre ensuite). J'ai aimé le film, j'ai aimé le livre. Et pourtant je n'en suis pas sortie l'âme légère. La lâcheté et la cruauté commune me marquent plus que les torrents d'hémoglobine à la Chattam. En refermant le livre je me suis dit qu'il était étrange d'aimer ce qui nous faisait du mal et pour me rassurer je me suis plongée dans un thriller bien complexe. Alors oui, il y a du patchwork dans les âmes grises, mais juste ce qu'il faut pour dire la vie de ces gens petits. Alors oui la fin laisse sur sa faim (je voulais des explications crénom) mais du tout se dégage un odeur familière à défaut d'être agréable et qui nous font l'aimer malgré tout.

Son principal défaut aurait été dans la pompeuse longueur... Merci Monsieur Claudel de ne pas tenir de votre ancêtre.

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Date: 29/11/2009

Par: gera L

Sujet: les âmes grises

je partage tout à fait ton avis sur ce roman. Quand je l'ai terminé je ne savais pas trop dire si j'avais aimé et pourquoi, mais j'avais envie d'aller jusqu'au bout tout au long de ma lecture. Il ne laisse pas indifférent!

ps : heureuse d'entendre que Nothomb est un livre de plages, je n'ai jamais compris le raffut derrière cet auteur

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