
Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles
Filip et Bruno, ces étrangers
Avril 1973. Oost Noord Kappellen, Collège Sint-Jan Daens. Classe de 6ème humanité, cours de français. Le petit Filip passe un sale quart d’heure. « Zeg De Winter *, tu me prends pour un stoofpootje ou quoi ? Pas de fiche de lecture, pas de biture. La soirée des rhétos, c’est bernique pour toi. Tu resteras dans ton mollenke pendant que les autres boiront des bollekes, pitch ».
Mars 1967, Lycée Louis-le-Grand, Paris Vème. Pour Bruno, la situation semble sans issue. « Mégret, nom d’un croissant ! Oseriez-vous confondre mes neurones avec des rillettes ? Ce livre n’est pas correctement résumé ! L’avez-vous seulement ouvert ? Pour votre bon de sortie au bal de lycée, vous pouvez vous moucher ! »
Larmes, cris, colère, incompréhension… Malgré les six années d’intervalle, ces deux représentations jouées respectivement en bord de Seine et d’Escaut se sont déroulées pratiquement à l’identique. Avec pour principales victimes deux jeunes hommes dont l’âme n’était jusqu’alors que bienveillance et amour de leur prochain. Deux brillants éphèbes que cette terrible épreuve de la vie marquera à tout jamais. Et les poussera même à développer une haine viscérale pour le responsable de cet incroyable gâchis. A savoir un livre qui à l’époque n’avait pas pu être lu par nos deux vaillants héros. Du fait d’aléas de la vie parfaitement légitimes mais sur lesquels nous n’aurons pas le temps de nous appesantir. Un livre écrit par Albert Camus et qui s’appelle « L’étranger ».
Et malheureusement, cette haine emprunta le même chemin qu’une balle magique abandonnée au sommet d’une pyramide maya. Elle rebondit tant et tant qu’elle se mua en une aversion bien réelle envers tout ce qui venait d’ailleurs et leur rappelait donc ce livre maudit, une détestation tellement aveugle que je préfère jeter un voile pudique sur des comportements et déclarations qui nous embarrasseraient tous.
Et maintenant, jouons-là à la Marc Lévy. Imaginons que le petit Bruno et le charmant Filip ont l’occasion de remonter le temps. Et que, juste avant de devoir affronter leur terrible mentor féru de camuserie, ils puissent lire une fiche de lecture soigneusement rédigée et qui leur permettra de réussir brillamment cette épreuve du feu. Et si…
Notre histoire en aurait été bouleversée ! Filip aurait pu emprunter la voie qui lui était destinée, c’est-à-dire devenir le Maurice Béjart de la danse contemporaine flamande. Quant à Bruno, sa sensibilité et sa fibre artistiques auraient aussi pu librement s’exprimer et faire de lui le nouveau leader des petits chanteurs à la Croix de bois. Le Front National ne devrait sa renommée qu’à une obscure sculpture représentant Valery Giscard D’Estaing et exposée dans un musée auvergnat. Et le Vlaamse Blok ne serait qu’une sous-catégorie d’un parpaing en béton recyclé et fabriqué en banlieue gantoise.
Le saviez-vous ? Ce que Dieu veut, Jean-Kévin fait. Et donc pour changer la marche de l’humanité, j’ai lu et résumé pour vous l’œuvre de Bébert, une œuvre dont voici les tenants et les aboutissants.
Albert Camus nous conte dans « L’étranger » l’histoire de Meursault. Originaire de Bourgogne, il s’est installé à Alger et ne supporte plus que pour attirer son attention, on hurle son nom de manière chaotique et erronée, puisque les autochtones ont transformé Meursault en Peursault. En résumé, il aspire à retrouver son AOC (appellation d’origine contrôlée). Frustré par la mise en bière de sa mère, Cara Meursault, notre héros décide de passer un peu de bon temps avec son voisin Raymond. Mais celui-ci l’agresse sauvagement à coup de tire-bouchon. Meursault ne doit son salut qu’à la fuite. Et du haut de son 1 mètre 90, il se précipite à la gendarmerie pour raconter son histoire. Le soleil était particulièrement éprouvant en ce mois de juillet méditerranéen, Meursault est invité à se rafraîchir au sous-sol. Là, les fonctionnaires de police ont la certitude que son histoire est vraie. Personne ne remet en question ses dires. Et donc le grand crû termine à la cave. Là, il engage même une torride histoire d’amour avec une policière, car c’est l’endroit parfait pour prendre de la bouteille.
*Pour votre facilité, nous avons traduit la suite de ce dialogue en français
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