Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles


André-Kévin Léonard

Il arrive que certaines personnes doivent changer de nom. Pour se justifier, elles affirment souvent qu’elles ont de bonnes raisons pour agir de la sorte. Mais en réalité, ces bonnes raisons ne sont souvent qu’une pâle excuse derrière laquelle elles s’abritent pour tenter de cacher leur mauvais fond, leur propension à la turpitude et leur méchanceté patentée. Car incapables de résister à leurs pulsions néanderthaliennes, ces dissimulateurs sont un jour ou l’autre démasqués et contraints de s’inventer une nouvelle virginité, y compris nominale, une virginité qui ne résistera cependant pas très longtemps à leur goût de la luxure et du mal.


Heureusement, la lumière peut jaillir de partout, y compris lorsqu’il est question cette peu reluisante fange de manipulateurs ayant récemment troqué leur vraie identité pour une nouvelle. Et pour le cas qui nous occupe, cette lumière peut même être qualifiée de divine. Car le changement de nom dont je vous entretiens aujourd’hui concerne ni plus ni moins que notre nouvel archevêque. Un homme accessoirement aussi propriétaire de la société de voyage liégeoise « Les Cars Léonard », un tour-operator qui semble-t-il va recentrer ses activités sur des minitrips dédiés au quatrième âge et avec pour destination des noms aussi alléchants que Lourdes, Saint-Jacques de Compostelle, Banneux ou encore Fatima.


Et donc notre archevêque a lui aussi eu la bonne idée de se lancer corps et âme dans le changement. Nouveau job, nouveau nom, Pick up américain de 8000 cm³ flambant neuf et équipé des pin up ZZ Topiennes de rigueur (malgré cette référence, je précise ne pas être un grand fan de la musique proposée par les réincarnations de Notre Sire Léopold II en rockers texans) en sus des quadruples pots d’échappement chromés, mitre et chasuble en cuir clouté,… Notre nouveau primat ne fait pas les choses à moitié.


Mais si l’usage qu’il pourrait faire de son nouveau pick up et surtout de son contenant ne laisse pas planer beaucoup de doutes – après tout, il suffit de pencher un crucifix de 45 C° pour obtenir la lettre X – le sens du changement de nom de notre bon Léonardo peut paraître plus obscur. Et voici pourquoi ce petit billet est consacré à la question, car vous qui avez appris à me connaître à force de fréquenter notre Cottage, vous savez qu’à ma façon, j’aime aussi éclairer les troupeaux égarés cherchant désespérément la Connaissance.


Puisqu’il est question de troupeaux, revenons-en à nos moutons. Donc il y a quelques jours, celui qui s’appelait encore André-Mutien Léonard lorsqu’il eut en 1992 l’honneur de voir son nom lié au mien, puisque je fus un des plus brillants élèves du cours de philosophie morale qu’il professait aux apprentis juristes, a décidé de se rebaptiser André-Joseph. Commençons par une première remarque logistique : se faire baptiser encore et encore, ce qui implique de multiplier les cérémonies sacrées, est chose facile quand on a des prix de gros sur les fournitures sacrées, eaux bénites et autres huiles saintes.


Parlons maintenant du fond de la question. Bien que je le soupçonne d’évacuer de la sorte la frustration provoquée par les « André-Mutien, tête de chien ! André-Mutien, tête de chien ! » proférés par ses petits camarades moqueurs d’un collège jésuite des années 60 et qui résonnent encore et toujours de manière désagréable dans un recoin de son cerveau, celui que j’ai désormais surnommé de manière affectueuse DéJo prétend que son nouveau patronyme a été choisi pour qu’il soit plus proche des belges. Sur le coup, je vous avoue que je suis perplexe, si pas spécieux. Car si c’était pour choisir un prénom pourri, pourquoi ne s’est-il pas appelé André-Kévin ? Là, il se serait vraiment rapproché des belges, et en prime, nous aurions été presque frères de sang. Ce qui lorsque l’on connaît le potentiel commercial du sang d’un représentant du christ aurait été une bonne nouvelle pour les finances du Cottage.


Je vous laisse, j’ai un exorcisme sur le feu : Marie-Loana revient du club de lecture. Et si je me fie à son corset déchiré, à son regard et à son haleine, elle a dû encore boire plus que de raison de cet alcool de pâquerettes qui lui réussit si peu.