
Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles
JFK, avec JK comme Jean-Kévin et F pour Facebook
« Ce n’est pas parce que tu habites un Cottage que numériquement tu dois vivre au moyen-âge ». Encore une fois, le bon sens populaire vient à ma rescousse. Et le moment est grave, car je vais aborder un sujet aussi brûlant qu’un bûcher d’hérétiques un soir de congrès de « L’amicale des inquisiteurs », événement sponsorisé par Total Fina, avec à la clé la possibilité de gagner un voyage au Myanmar.
Mais allons droit au but… Aujourd’hui, c’est de Facebook dont je disserterai. Non sans essuyer une larme discrète, car c’est en partie grâce à ce fabuleux réseau social que nos vies ont changé du tout au tout. De mère de famille respectable mais anodine malgré sa spécialisation dans l’art des herbes et des décoctions, Marie-Loana s’est transformée en icône sensuelle et glamour. Depuis lors, elle fait fantasmer des hordes de jeunes hommes vigoureux, notamment grâce à son site www.malo-intime.org. D’après des sources bien informées, Paris Hilton Itself aurait même éructé lors d’une crise incontrôlable de jalousie « Je ne respire plus tant que Malo braconne sur mon territoire de chasse. Comme ça mes tout nouveaux poumons 95 D ne me serviront vraiment plus à rien ». Mais ne vous réjouissez pas trop vite, la gredine hôtelière n’a pas tenu parole.
Quant à moi, je peux en toute modestie affirmer que mon aura dépasse désormais celle de Monsieur BHL, livreur express de colis philosophiques. D’autant plus que lors de mes dernières vacances aux Paraguay, j’ai participé à un stage de piscine avec Monsieur Botul.
Mais j’en reviens aux fondamentaux. Plantons tout d’abord le décor. Ma rencontre avec Facebook s’est faite un soir de profonde déprime, après avoir essuyé une défaite humiliante à mon club de bridge. Terriblement déçu, j’ai décidé d’oublier ma dérout en me plongeant dans des paradis artificiels. Mais pas question pour autant de sombrer dans l’univers impitoyable de la seringue ou des nez enfarinés : c’est dans les terres oniriques des mondes numériques que je projetais de noyer mon chagrin. Me voici donc en train de surfer sur www.facebook.com/profile.php?id=100000506661707&ref=nf dont je devins en quelques instants un membre respecté et respectable.
Et c’est là que la machine s’est directement emballée. Dans un premier temps, j’avoue avoir ressenti une délicieuse excitation. Comme un petit prince invité chez Bill Gates, j’attendais avec impatience des réponses positives à mes questions profondément existentielles : « veux-tu être mon ami ? ». Je peux à peine vous décrire l’explosion synapsienne et l’intense émotion ressenties lorsque le bip caractéristique de ma messagerie m’informa que des premiers oui avaient été prononcés. Soyons de bon compte : il faut avouer que mes nouvelles amitiés numériques n’avaient pas la possibilité de me répondre sur un ton présidentiel « ben non, casse-toi pauv’ con ». Mais soit, ma toute nouvelle popularité virtuelle m’a rapidement fait oublier ma mélancolie post-bridgienne. Mais je n’étais pas encore au bout de mes émotions. Car j’ai très vite pu vérifier à quel point l’amour que me portent mes nouveaux amis est profond et sincère et à quel point je suis moi aussi sensuel.
Des exemples ? Curieux de savoir ce que mes amis pensent de moi, j’ai découvert que Laurie Berbosan avait répondu oui à la question « Préféreriez-vous embrasser Jean-Kévin plutôt qu’une bouche d’égout d’une station d’épuration made in Aquiris ? ». Tout comme Chantal Kon-hace qui entre trois facebookiens me choisirait pour une nuit d’amour à la veille de l’apocalypse. Mes concurrents sur ce coup-là (vous me pardonnerez ce mauvais jeu de mot, mais je suis toujours ému, ce qui bloque immanquablement ma créativité) ? Josette, 83 ans mais toujours bon pieds bon œil devant son PC et Jordan, un charmant bambin de 7 semaines.
Est-ce mon côté sombre et sauvage qui me vaut cette popularité et, n’ayons pas peur des mots, ce magnétisme auprès des femmes ? C’est possible. Sauvage ? Sombre ? Cruel ? Oui, telle est une partie de ma nature même si je ne me l’étais jamais avoué. La preuve en est que depuis mon inscription sur Facebook, je cumule mon travail au service de Monsieur Reynders avec celui de chef de gang – 675 casinos passés sous mon contrôle en à peine quelques mois, excusez du peu - et de Capo de la Mafia. Pour la forme, je signalerai aussi que 8906 personnes me trouvent irrésistiblement cool – elles ont raison – et que 39 de mes amis aiment la photo prise de moi par un collègue. Oui, ce fameux cliché pris lorsque je m’étais déguisé en boule de Noël pour la réception de la nativité organisée au Ministère.
Vous m’excuserez, mais je dois vous abandonner. Le bouvier malinois de notre voisin a satisfait ses besoins sur mes Moon Boots en poils de bouquetins. Et cela sans que je puisse réagir, non pas par lâcheté mais pour rester en accord avec mes valeurs stoïciennes. Donc là, je vais aller rétamer la gueule de Paf le Chien pour retrouver un peu de sérénité.