
Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles
Saint-Sylvestre nostalgique
« A la veille de la saint-Sylvestre, les verres ne sont pas en reste ! ». Vous en conviendrez, la sagesse populaire fait partie de notre patrimoine. Et en tant qu’amoureux de nos traditions, je ne peux que m’incliner devant ce que mes aïeux, leurs bisaïeux et vos trisaïeux ont jugé être bon. Pour eux, mais donc aussi forcément pour moi, le sang de leur sève.
Donc me voici de retour au Cottage ce 31 décembre, l’haleine un peu chargée et les neurones cotonneux. Et à la bouche en accompagnement de ce goût persistant d’eau de vie d’airelles une excuse imparable pour esquisser les éventuelles remarques de Marie-Loana. Mon joker ? Réveillon ou pas, je me lance ce soir dans ma rétrospective de la décennie. Et cela valait bien quelques instants de réflexion créative dans le Saint-Germain d’Arlon, et plus précisément à « L’esprit de nos fruits sauvages », mon troquet préféré dont les distillations ont séduit les plus grands !
Marie-Loana n’étant quand même pas une oie blanche, mon justificatif se devait malgré tout d’être argumenté si je veux éviter un certain type de mesures de rétorsion. Du genre de celles qui m’obligeraient à me déguiser en Père Noël pour des raisons qui ont trait aux honneurs à rendre légalement lorsque l’on est passé devant messieurs les bourgmestre et curé. Donc cette rétrospective, il va bien falloir que je la ponde, d’une manière ou l’autre. Et par la même que je plonge dans mes souvenirs, ou plus modestement dans ceux de l’histoire de notre humanité bimillénaire.
Commençons par ma petite personne dont chacun des atomes est estampillé « Au service de sa majesté Didjé », du moins pendant les heures ouvrables et les jours non-chômés. Avec une considération à la fois liée à l’esthétique des physiques et à la philosophie contemporaine. Durant cette décennie, j’ai été à la fois l’égal de Copernic et de Robespierre en accomplissant une révolution qui a profondément marqué les esprits. Et en particulier le mien, ainsi que dans une moindre mesure celui de Marie-Loana.
Je m’explique en quelques mots. A l’aube de la disparition du franc belge et en plein traumatisme du bug de l’an 2000, votre Jean-Kévin alors toujours vert mais néanmoins mature avait un petit côté midinette. Il craignait avant tout une chose : les affronts que le temps risquait d’infliger à son physique plutôt avantageux. Il faut dire qu’à cette époque-là, Marie-Loana n’avait pas encore fait du Cottage son lieu presqu’exclusif de villégiature et ses formes généreuses faisaient tourner plus d’une tête, en particulier dans le milieu très branché et pointu de la bande dessinée James Ellroyenne. L’apogée de mes peut-être futurs grisonnances capillaires et sphérisme abdominal allait-elle entraîner la chute de mes amours passionnées ? En gros, je souffrais de la trouille d’être gras, gris et cocu !
Mais aigri, je ne le suis heureusement jamais devenu, tout cela par la grâce d’un esprit pur et supérieur. Homme de médecine et donc ami de l’humain, Georges a créé le clownisme (ou clooneysme, c’est selon), une véritable école de vie qui a fait de ma croix d’alors une force. Une soirée sinistre de février 2002, c’est par la seule magie de quelques images finement jouées et d’une œillade espiègle qui caractérise si bien ce Platon des temps modernes que j’ai Su.
Ce jour-là, Saint-Georges m’a parlé au travers d’un tube cathodique basique, ce qui n’a rien de vulgaire ou d’étonnant lorsque l’on sait que les esprits des plus grands s’expriment parfois par l’intermédiaire d’une table de OuiJa soldée chez Lidl. Et cette parole a apaisé définitivement mes peurs les plus primales. Je ne crains plus le poivre et sel et les kilos en trop comme le vampire vomit l’ail et l’eau bénite. Non, ces avanies ne feront pas de moi un va-nu-pieds sentimental et professionnel. Car comme Georges, j’attends désormais impatiemment ces signes divins qui feront aussi de moi une star interplanétaire. Ou dans le pire des cas un représentant de commerce très efficace œuvrant dans le café haut de gamme.
Je prends mon inspiration pour vous proposer une critique argumentée de l’extrémisme religieux du XXIème siècle, mais aussi du terrorisme économique que d’aucun présentent poétiquement comme le village mondial mais je dois vous laisser. Marie-Loana m’appelle pour tartiner les toasts et fourrer la dinde. Et comme elle n’a pas été émue par mon flash-back décennal, j’ai été puni : je dois faire ces préparatifs déguisé en lapin, donc revêtu de cette pelisse qui m’a servi pour la Pâques de notre confrérie du scrabble, une confrérie présidée par un ancien journaliste fort déplaisant. Tout en essayant de ne pas salir ma pelisse, j’attends avec impatience 2010…