Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles


Mauvaise graine

« Et si on proposait aux enfants de découvrir le jardin extraordinaire avec nous ? » Depuis la nuit des temps, Marie-Loana et l’émission animalière phare de notre RTBF communautaire sont unies par des liens particuliers, si pas équivoques. Quand ses petites camarades tentaient de reproduire le déhanché lascif de Louise Cicconne Madonna, avec pour objectif avoué de séduire leurs alter égo masculins lors de la prochaine surboum de l’école, Marie-Loana version teenager avait d’autres ambitions. Devant son miroir, Elle mimait sans relâche Arlette Vincent et son petit air aussi pincé que moralisateur qui fleurait si bon le PSC, un PSC dont le C voulait encore dire chrétchien.


Et dans un élan poético-bucolique que n’aurait pas renié monsieur Disney, elle espérait que sa petite fleur de nénuphar lui serait enlevée par un crapaud nommé Edgard Kesteloot. Ou à la rigueur Paul Galand, si Edggy le magnifique avait piscine ce jour-là.


Pour répondre à la question de Marie-Loana, je ne suis pas persuadé que les enfants seront enchantés par la perspective télévisuelle qu'elle leur propose. Mais en bon diplomate que je suis, je pense avoir trouvé un moyen de satisfaire petits et grands. Ma recette miracle s’appelle « Weeds ». Pour convaincre Marie-Loana, je lui expliquerai que, tout comme pour le jardin extraordinaire, le cœur même de cette excellente série américaine est mère nature. Même si en l’occurrence les grands fauves africains et les fauvettes de nos régions cèdent la vedette à la culture et la commercialisation du cannabis, une plante verte (presque) comme les autres. Je préciserai aussi que ladite série est, à l’image de son illustre ainée apparemment si extraordinaire, aussi proposée par notre chère télévision publique. Quant aux arguments qui doivent convaincre mes enfants de troquer le jardin pour la mauvaise herbe, les mots sexe et drogues devraient à mon sens suffire.


Et tout ceci me permet donc de vous parler de Weeds, ma série télé préférée du moment. L’histoire ? Mary-Louise vit tranquillement dans une banlieue américaine et bourgeoise aux côtés de ses enfants et de son mari. Un mari qui fait office de « bardaf c’est l’embardée » en passant l’arme à gauche, ce qui a pour effet de laisser sa famille sans le sou. Heureusement, Mary-Louise n’est pas à court d’idée. Plutôt que de se lancer dans le caritatif, un secteur pas nécessairement rémunérateur, elle investit dans le commerce de proximité, à savoir la vente au détail de substances hallucinogènes dont sont friands bon nombre de ses voisins.


En plus de l’originalité de son scénario, Weeds ne manque pas d’arguments. Là où dans un environnement bourgeois du même acabit Desperate housewifes se la joue caricatural et léger, les héros de Weeds paraissent bien plus réels sans pour autant être plus recommandables. La banlieue idéale américaine et ses héros sont croqués de manière beaucoup plus critique, et donc à mon sens jouissive puissance 10. Et puisqu’il est question de plaisirs charnels, vous apprendrez en profitant de Weeds que le sexe télévisé de l’autre côté de l’atlantique peut lui aussi gagner en authenticité. Il lui suffit de fuir les grands classiques du genre, comme le déshabillé en soie pour madame et le singlet pour monsieur qui se portent avant, pendant et après l’acte sans manifestement en perturber le bon déroulement, même d’un point de vue géo-technique.


Et les enfants, qu’en ont-ils pensé ? Ils ont semble-t-il eux aussi apprécié puisqu’ils supplient depuis quelques jours Marie-Loana « de se lancer auprès des voisins dans le bizness de la bergamote, la seule mat qui réellement te dépote… ».