Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles


Mieux vaut bâtard que jamais

 

"Ich ? Nicht gut für spreching untere taal den der französich ? Scherghizeig!!!" 

"Qué? No lo so douato pore parlare los otros lingua que le francese? Va fangulo, stronzo de te madre!!!"


Il est important de rester modeste. Mais quand les choses sont, il faut le dire. En toute humilité, je dois le confesser : je suis une véritable mine à talents. L’incarnation du mieux. Le développement durable de l’excellence.


Et entre autres dons gracieusement offerts par celui qui guide nos destinées dans les cieux (ou pas), vous pouvez cocher le volet « langues ». En clair, je pratique avec une maestria aussi élégante que flamboyante de nombreux parlers étrangers.


Pour faire taire les rumeurs malveillantes sur mon niveau réel dans les idiomes de Goethe et de Dino Zoff, je vous ai donné en préambule de cette première digression printanière un aperçu de mes capacités. « Quoi ? Moi, Jean-Kévin, je serais incapable de parler autre chose que le Français ? Insolent ! », fallait-il comprendre en français. Mais la jalousie des autres ne me touche pas. Car personne, y compris moi, n’oserait douter de mes talents. Ma réputation a d’ailleurs largement franchi les frontières nationales, ce qui explique que j’ai récemment écolé Christoph Waltz.


Ce jeune premier autrichien a il y a peu tourné dans « Inglorious Basterds », le dernier lipdub de Quentin Tarantino. Et le brave garçon a manifestement profité de mon savoir, puisque sa prestation devant la caméra se fait à la fois en français, en allemand, en italien et en anglais. Avec à la clé un résultat plutôt convaincant, bien que je détecte certaines lacunes dans la phonie aigue des accents toniques du umlaut et du th aspiré.


Après avoir parlé de l’acteur, place au film ! Même si « Inglorious Basterds » est sorti depuis longtemps sur les grands écrans, mon agenda d’homme d’affaire moderne ne m’aura permis de le découvrir que maintenant et en version DVD. Mais l’attente valait la peine, avec un Tarantino qui exploite parfaitement ses meilleures recettes pour un résultat à la hauteur de mes espérances.
Dans le rôle des affreux, ce sont les allemands version seconde guerre mondiale qui s’y collent. Avec notamment dans la peau du méchant des méchants mon ami Waltz qui signe une performance « plan langue » tout à fait bluffante. Mais aussi le Brad d’Angelina qui endosse le personnage du chien fou et cruel prêt à tout pour zigouiller et même scalper du Germain.


Alors évidemment, certains esprits chagrins, moralisateurs et intégristes du cinéma pur déploreront la violence gratuite et le goût de Quentin pour les séries Z. Mais c’est justement ces ingrédients qui, savamment mélangés avec un scénario éclaté, mais aussi avec la tension croissante de certaines scènes d’anthologie, les nombreuses références et clins d’œil ainsi qu’avec une bande musicale épatante qui rendent l’œuvre de Tarantino hautement jouissive. Et la transposition de cet univers dans notre imaginaire cinématographique de 40-45 ne fait que décupler mon plaisir.


Si la ligue du bon goût dans l’art et la morale n’est toujours pas convaincue et continue à se plaindre, je n’ai qu’une chose à lui dire : « Puta minga in your fucking head of bastard das ich wil kaput machen ». Ce qui, comme vous l’aurez compris, signifie dans l’idiome de Voltaire que tous les goûts sont dans la nature !
 



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