
Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles
Faut pas pousser, Daisy...
« Mais non je ne sais pas où il est ! Tu sais pourtant ce que j’en pense, hein, de ton Ciné-Télé Revue ». Malgré le ton irrité de ma réponse à Marie-Loana, il faut avouer que sur ce coup-là, je n’ai pas été à 100% franco. Et encore moins réglo. Parce qu’effectivement, c’est moi qui l’ai lu son torchon. Pire encore : lorsque ce week-end, j’ai entendu le pas de ma tendre et douce résonner dans le Cottage bien plus tôt que prévu, j’ai réagi comme un gosse surpris en train de fumer en cachette. J’ai jeté dans le feu ouvert la revue préférée de ma ménagère de 37 ans. Ce qui a d'ailleurs provoqué de fort jolies flammèches vertes et bleues devant lesquelles elle se serait sans doute extasiée si je n’avais pas détourné subtilement son attention de notre belle flambée. Pourquoi agir de la sorte ? Tout simplement parce que j’ai une réputation de snobisme assumé à défendre. Et que ce genre de presse risquait de la faire vaciller, même vis-à-vis de Marie-Loana. Ce qui est exclu, sans la moindre discussion.
Oui mais alors, pourquoi me plonger avidement dans cette lecture ? Sachez, cher visiteur, que contrairement à la complainte du boulimique devant son frigo qui ne peut résister au mal qu’il va se faire, je n’ai pas été submergé par une fringale irrésistible de ragots et nouvelles de nos amies les starrrrs. Je n’ai compulsé ce magazine que pour investiguer sur « Pushing Daisies », qui selon la rumeur serait un petit bijou de la série télé américaine. Et foi de fonctionnaire des finances, quand j’enquête, je ne néglige aucune piste, y compris les moins aguichantes ! Ce qui m’a permis de découvrir le propos de Pushing Daisies.
A savoir le don étrange d’un gentil pâtissier américain.
Lorsqu’il touche un homme, un animal ou même un fruit qui vient de mourir, il le ramène à la vie. S’il le touche une seconde fois, il le replonge définitivement dans l’au-delà. Mais attention, s’il laisse passer plus d’une minute entre la résurrection et la deuxième mort de son patient, il condamne irrémédiablement une autre personne vivante et qui se trouve à proximité immédiate… à la mort ! Ned - c’est le nom que notre pâtissier a reçu à la naissance - utilise honteusement son don dans un but de lucre. Après tout, on est aux USA, la patrie assumée du capitalisme ! En tandem avec Emerson, un détective privé laborieux, il réveille les victimes d’assassinats ou autres meurtres, le temps de leur extorquer le nom de leur bourreau. Tout cela pour ensuite les renvoyer vers la mort et empocher l’argent de la récompense promise pour la résolution de l’enquête. Mais bien évidemment, le jour où la morte qu’il doit interviewer est son amour de jeunesse, il décide de la laisser vivre, bien qu’il sache qu’il ne pourra jamais la toucher, le pôvre garçon.
Sur ce coup-là, je dois bien avouer que le talent caché de Ned m’a laissé rêveur. Votre belle-mère ou votre tante Jeanine s’est invitée de manière impromptue dans votre Cottage et vous êtes seul, condamné à lui faire la conversation ? Pas de souci ! Passez votre chat ou votre canari au micro-onde. Réglez le temps de cuisson sur 7 minutes, le tout à puissance maximale. Sortez votre félin du four, approchez-vous de la chair de votre chère, touchez votre chat grillé qui en miaulera de plaisir… et grand distrait que vous êtes, omettez de renvoyer votre minou vers le royaume d’Anubis. Un royaume dans lequel votre visiteuse d’un jour se retrouvera illico presto projetée, du fait de ce petit oubli. Elle est pas belle, la vie ?
Donc après avoir lu et entendu tant de louanges dédiées à Pushing Daisies, me voici enfin confortablement installé dans le plus beau divan du Cottage, les yeux rivés vers la télévision dans l’attente des bienfaits que me procurera forcément cette nouvelle merveille certifiée.
Et bien non… Rien. Ménopause ou panne passagère ? Ni l’une ni l’autre. Malgré les trois épisodes généreusement diffusés, je ne suis pas tombé sous le charme, alors que normalement je suis plutôt un garçon facile. Parce qu’à la place de proposer quelque chose de neuf, il semble que les concepteurs de Pushing Daisies se soient contentés de passer dans un robot ménager « Amélie Poulain », « Dead like me » et « Desperate housewives ». Avec pour résultat un mélange insipide, ce qui explique que comme la navette spatiale Challenger, je n’ai pas vraiment réussi à décoller… Si malgré tout votre conscience vous dicte de soutenir le service public, et en particulier la deuxième chaîne de la RTBF, je ne saurais vous conseiller de préférer « Weeds » et sa mère de famille tout à la fois veuve, bourgeoise et dealeuse à ce pétard censé être fantastique mais en fin de compte tristement mouillé. Et qui d’ailleurs s’est éteint après deux saisons. Et même un péteux comme moi en conviendra : le téléspectateur n’a donc pas toujours tort !
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