
Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles
Remix en série
« Toi aussi deviens un héros ! ». Lorsque Marie-Loana prépare sa liqueur d’orties et que je prends mon rôle de goûteur officiel avec tout le sérieux qu’il mérite, il m’arrive de rêvasser dans le salon. Et tout en jetant un œil à l’une des nombreuses séries qui squattent nos écrans, je m’imagine une vie pleine de bruits, de fureur et d’aventures, comme les héros de la télé.
Mais puisqu’il est question de héros, une petite parenthèse s’impose. Je vous offre de l’émotion, de la vraie. De quoi pleurer dans les chaumières et serrer les cœurs les plus durs. La vedette du jour ? Geert Bourgeois himself, membre-fondateur de l’ONG « Y a quelqu’un qui m’a piqué mes lèvres et depuis ma bouche ressemble à une fente de Mister Cash (celle pour la carte) » et accessoirement ministre de l’intérieur d’une région belge, une région néanmoins plus noire et jaune que rouge.
Imaginez-vous les tourments que ce pauvre homme endure chaque fois qu’il entend, dit ou pense à son nom ? On essaye de nous culpabiliser en nous convainquant qu’à cause qu’on est que des sales qui polluent la terre, ça va pas être rock and roll party tous les soirs pour nos enfants et nos petits-enfants. Mais avouez que sur le coup, les aïeux du petit Geert ont battu des records dans la catégorie « coups de pute à ma descendance ». Pensez donc, lui forger son identité dans la langue de Voltaire et d’Olivier Maingain, c’est vraiment moche. Si pas méchant.
Puisqu’on parle de lui, c’est un peu comme si Monsieur et Madame Maingain avaient décidé de priver leur petit Olivier du nom paternel pour le remplacer par Woluwewaarvlamingenthuiszijn. Vous croyez vraiment qu’il aurait pu faire carrière dans ces conditions-là ? Et Neslon Mandela, si son papa s’était appelé Fucknigger, vous pensez que toutes les stars de la musique, oui, même Jim Kerr est une star de la musique, auraient fait des chansons pour lui ? De même, imaginons un peu ce que Jean-Marie Le Pen serait devenu s’il avait troqué le patronyme qu’il partage avec Bigard pour celui beaucoup plus classieux et sobre d’Israël. Aurait-il eu l’occasion de sortir dans les débats politiques les plus huppés de l’hexagone des vannes vaseuses centrées sur son équipement cuisinier dédié aux rôtis et aux grillades ? Je ne pense pas !
Courage Geert, on est tous avec toi, mon garçon ! Schild and vriend !
Bon, laissons à présent les violons à Bruges et place à l’action ! Me voici donc dans la peau d’un héros cathodique, et ça va dégommer dans les salons…
Zoom avant sur un réveil qui nous apprend qu’il est 2H38 du matin. Un téléphone sonne avec insistance et sort de sa torpeur 70 kilos de muscles.
- …. Oui. Quoi ? J’arrive tout de suite.
Deux minutes et 29 secondes plus tard, le même tas de muscles mais habillé, rasé de près et le regard alerte fait son apparition au département profilage d’un célèbre bureau policier aussi américain que fédéral.
- De l’éthanol, agent Jean-Kévin. On a déjà dénombré 17 victimes, mais il pourrait y en avoir plus. En route, il n’y a pas de temps à perdre, on signale une nouvelle disparition inquiétante !
- Le chef expert de la scientifique devait nous donner le résultat précis des analyses grâce auxquelles nous aurions au millième degré de latitude et de longitude près l’endroit d’où provient cet éthanol. Mais un de ses collègues spécialisé dans les projections de sang a été vexé parce que le chef, il ne sourit jamais. Et maintenant, il est découpé en morceaux, le chef. Dans des sacs poubelles jetés au fond de l’océan. Donc pour son analyse ça ne va pas le faire.
- Bon, je m’appelle Jean-Kévin, le terrain ça me connait ! Je vais me fondre dans la foule en commençant par un bar où je recueillerai discrètement des renseignements.
Quelques heures plus tard, toujours le même tas de muscles, le téléphone à la main, mais en position couchée, l’haleine anisée et la chemise maculée de bile…
- D’après Roland, mon informateur avec qui j’ai passé l’après-midi et la soirée, la drogue c’est pas bien, les racistes ils sont pas gentils, les homophobes c’est qu’une bande de grosses tarlouzes et les Beaumettes, c’est un peu surcoté. Accessoirement, j’ai aussi résolu l’affaire du Bernard l’hermite psychopathe, Mais sur notre tueur à l’éthanol, rien.
- Jean-Kévin, tu viens d’utiliser 11 des 24 heures que tu avais pour sauver le monde, va falloir du concret parce que nous pendant ce temps-là, on est toujours bloqués sur cette île de merde où on comprend rien à ce qui se passe. Mais bon, heureusement, même sans rasoir et shampoing depuis six mois et au saut du lit, on ressemble à des affiches pour toute la gamme des produits Gillette et L’Oreal.
La suite de ces passionnantes aventures ? Impossible de vous en parler puisqu’au moment précis où j’allais goûter aux lèvres de Gabriella, la gestionnaire d’une petite entreprise de jardinage désespérément florissante, Marie-Loana m’a réveillé sans ménagement. « Tu as rendu sur le beau jacquard que je t’ai tricoté, et les taches d’orties, ça ne part pas », paraît-il. Vous voulez mon avis ? En vouloir à un super héros des temps modernes pour quelques soucis ménagers mineurissimes, je trouve ça mesquin…