
Marie Loana et Jean-Kévin, vos nouveaux modèles
Le salon télé
Jean-Kévin a vu pour vous...
La merditude des choses
En décidant de m’appeler à la fois Jean et Kévin, mes parents ont fait de moi l’incarnation vivante du yin et du yang. L’idée de la chose ? On a parfois besoin de son contraire pour exister. Un fromage de Herve abandonné un après-midi estival sur un capot de voiture noire et une mozzarella produit blanc forment donc un couple pas si improbable que ça. Tout comme un Gevrey-Chambertin 1985 et une canette de Cara Pils éventée et tiède.
La vision de « La merditude des choses », dernier film en date du réalisateur flamand Felix Van Groeningen, renforce mes certitudes sur la pertinence de la doctrine à Tao. Comme le dirait très justement Marie-Loana, la plus belle et la plus délicate des fleurs poussera toujours mieux les racines plongées dans le purin.
Dans ce film, le premier exemple de ces contradictoires complémentaires prend tout d’abord une forme capillaire. Avec aussi un fameux pavé dans la mare pour certaines de mes certitudes. Non, les académies du cheveu situées au nord du pays n’ont pas pour seul modèle de coupe la très policée raie sur le côté et forcément à droite. Oui, celle-là même que portent si bien Bart D. et Filip D., politiciens et B(H)V à leurs heures perdues. Chez Felix Van Groeningen, la coiffure se fait plus free style. Avec de légères nuances selon les personnages. En mode brosse sur le dessus, blond et effilé dans la nuque, elle affirme haut et fort ses influences germanico-footballeuses chez Gunther, le héros du film. Elle est plus christique pour Marcel, père de Gunther, postier et grand amateur de tout liquide tirant à plus de 5 degrés. Et pour la queue de cheval lissée de Pieter «Baraqué», je situe plutôt l’inspiration de la chose chez Sitting Bull, les plumes en moins. Ce qui prouve donc qu'en terre flamande, le cheveu peut aussi s'envisager yin chez l'un et yang chez l'autre!
Au-delà de ces considérations qu’applaudirait sans doute Jean-Louis David, je reprends le fil de ma brillante démonstration sino-philosophique. Sur grand écran, les tribulations de la famille Strobbe foisonnent de vomi, rots, bitures taille XXL, cris, bagarres, coïts post-guindailles et autres rires gras. La raison de ce déferlement ? L’histoire de Gunther, un gamin de 13 ans qui vit avec sa grand-mère, mais aussi avec son père et ses trois oncles pratiquants convaincus et assidus des activités énumérées trois lignes plus haut. Est-il condamné à suivre la même trajectoire que celle de son clan très mâle ? Et quitter, c’est tromper ? A lui de voir. Le rapport avec les frères yin et yang ? Le récit glauque et lourd du quotidien strobbien favorise l’éclosion d’une poésie typiquement belge : fragile, touchante et triste. Et qui vaut largement le prix dépensé pour mon ticket. Si vous aimez strip-tease et connaissez par cœur toutes les répliques du « Allo Police » de Manu Bonmariage, foncez, vous ne serez pas déçu !
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